Rites millénaires

Jacques Rabemananjara. Né en 1913 à Tananarive. Études au collège des Jésuites de Tananarive. Ses humanités terminées, il entre dans l’Administration. A ce titre, il eut la chance, en 1939, d’être envoyé au « Ministère des Colonies » pour y faire un stage. C’est là que le trouve la seconde guerre mondiale. L’occupation l’empêche de rentrer à Madagascar ; il en profite pour préparer, avec succès, une licence ès lettres ; il en profite surtout pour fréquenter les milieux littéraires, lire et écrire. A vrai dire, sa vocation littéraire s’était manifestée très tôt, et la bouillante activité qui l’avait poussé à fonder, à Tananarive, La Revue des Jeunes. L’évolution littéraire de Rabémananjara rappelle, par bien des points, celle de Rabéarivelo, dont il n’a pas honte d’ailleurs de se proclamer le disciple. Celui qui avait déjà donné comme devise, à la Revue des Jeunes : « Devenir Français tout en restant profondément Malgache », allait bientôt, à l’exemple de Rabéarivelo et au contact du mouvement néo-nègre de Paris, revenir et se retremper aux sources malgaches. D’où, dans les meilleurs de. ses poèmes, ces images simples et splendides en même temps comme l’éclair, ces phrases d’une harmonie grave comme la marche des dieux et des princes. Ce n’est pas tout Madagascar, c’est en tout cas de l’authentique poésie malgache ! Le poète vit en prison depuis près de huit ans, ce qui a mûri son talent. Pour nous, nous ne pouvons croire que le chantre de la noblesse et de l’amour ait fait verser du sang innocent. Léopold S. Senghor.