Casier politique

Qualifié de «délinquant multirécidiviste chevronné» par l'UMP, Ali Soumaré semblait trop différent, trop pressé et trop «typé banlieue» pour ses détracteurs. Il a pourtant été élu conseiller régional, avec plus de 70 % des suffrages.

Aujourd'hui, il ne cache pas que l'une de ses erreurs d'adolescence l'a envoyé en prison. Une incarcération qui lui a permis de trouver sa vraie voie : éviter que d'autres s'enferment dans des quartiers ou des actes menant à l'impasse sociale. On apprend au fil du récit que Sarkozy est fou, qu'Éric Zemmour roule pour l'extrême droite et que le PS est atteint d'un mal profond : les luttes intestines.

Sans jamais tomber dans la justification, Ali Soumaré énumère au fil de son récit l'esquisse d'un programme et explique les mécanismes légitimant la stigmatisation de la banlieue. Qu'on le veuille ou non, c'est un élu nouvelle génération, représentatif d'une France qui n'avait jusqu'ici que le droit de se plaindre. Et qui maintenant veut peser. En toute citoyenneté.

Ali Soumaré, 29 ans, vit depuis l'âge de 8 ans à Villiers-le-Bel. Ses parents sont originaires du Mali. Tête de liste socialiste pour son département, il est élu de la République depuis les élections régionales d'Île-de-France en mars 2010.

Jean-Marc Pitte est grand reporter à France 3. Il a écrit L'ascenseur social est en panne, j'ai pris l'escalier (avec A. Senni, L'Archipel, 2005) et Gueule d'ange (La Tengo, 2009).