Charles-Louis de Secondat, baron de la Brède, naît dans la campagne bordelaise, en 1689. D’origine aisée, il porte dès sa

prime enfance un vif intérêt pour les études, s’intéressant tour à tour aux Lettres –il écrit le latin–, au Droit mais aussi

aux sciences les plus diverses. D’un oncle il hérite d’une charge de président au tribunal de Mortier et du nom de

Montesquieu.

Admis à l’Académie de Bordeaux en 1716, il compose de nombreux essais et mémoires sur des sujets scientifiques. Mais c’est en

anonyme que Montesquieu s’introduit dans le monde de la littérature française, faisant publier à Amsterdam en 1721 un roman

épistolaire empruntant à la mode turque en vogue dont le caractère audacieux compromet momentanément son élection à

l’Académie française (1727). Les Lettres persanes, sous les vapeurs érotiques d’un romantisme

orientalisant, exhalent le parfum froid et violent d’une satire sociale. Gagnant par cette galanterie le cœur de Paris, le

bordelais commence à partager sa vie entre la capitale et son château de La Brède. À Paris, il fréquente les cercles

littéraires dont celui de Melle de Clermont qui lui inspire une autre galanterie, un roman intitulé Le

Temple de Gnide (1725).

Après un voyage à travers l’Europe, un séjour de deux ans en Angleterre, Montesquieu présente en 1734 ses premières

réflexions politiques dans Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence qui serviront

d’introduction à son grand œuvre, De l’esprit des lois, publié anonymement à Genève en 1748.



Protestant marié à une fervente calviniste, Montesquieu finit d’exaspérer les ecclésiastiques qui cessent alors un moment

leurs querelles pour s’unir d’indignation. Jésuites et jansénistes coude à coude assaillent le penseur qui, malgré la

parution d’une Défense de "l’Esprit des lois" en 1750 et une popularité toujours croissante doit

accepter que son œuvre soit mise à l’index.
Devenu aveugle avec l’âge, le baron garde jusqu’au bout sa lucidité, et engage

dans un dernier article pour l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert,
color="#800080">Essai sur le goût (posth. 1757), une clairvoyance qu’il a su mener à maturité. En 1755, il succombe

d’une épidémie de fièvre maligne.